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Comment mieux communiquer avec les animaux ?

Vous parlez à votre animal, mais vous comprend-il bien ? Et vous, savez-vous décoder les messages qu’il émet ? Une communication efficace est un outil précieux pour vivre heureux ensemble. Elle renforce les liens et engendre des moments de complicité uniques.




© iStock / Tempura


"Avec les chats et les chiens, il est beaucoup question d’éducation. Or, dans la majorité des cas, les problèmes que l’on peut rencontrer avec son animal de compagnie relèvent en fait d’une mauvaise communication, entame Clément Moeglin, comportementaliste canin et félin.

Les hommes ont des attentes spécifiques vis-à-vis des animaux : ils doivent apprendre à les formuler de façon explicite", explique-t-il. Si une mauvaise communication est source d’anxiété, de stress et crée de l’incertitude de part et d’autre, une compréhension mutuelle renforce les liens entre humain et animal, et engendre des moments de complicité uniques.

Pourquoi chercher à mieux comprendre son animal ? En apprenant à écouter et à mieux communiquer avec son animal, "on cerne mieux sa personnalité, on améliore son quotidien, on arrive aussi mieux à le rassurerlors des rendez-vous chez le vétérinaire ou avant un voyage, un déménagement…, énumère Clément Moeglin. L’idée, c’est que chacun trouve sa place et respecte les besoins de l’autre."


Mais attention : communiquer avec son animal, "ce n’est en aucun cas attendre qu’il se plie à la volonté humaine par l’obéissance", martèle le spécialiste.

Autre bénéfice, mieux communiquer permet de corriger petit à petit les comportements jugés inadéquats : agressivité, malpropreté, pleurs ou aboiements, miaulements ou hennissements, peur de monter en voiture… Toutes ces réactions peuvent être liées à l’anxiété, ou encore à une mauvaise interprétation du comportement de l’animal ; par exemple, il existe des chiens qui sourient en montrant leurs crocs ! Une erreur de lecture peut avoir des conséquences importantes. Le maître a besoin de trouver des solutions et, pour cela, a tout intérêt à apprendre à décrypter les comportements, les intentions de son compagnon. De l'importance de définir des messages clairs Pour transmettre des émotions ou une demande à son animal, il faut d’une part associer un signal à une conséquence, et d’autre part faire en sorte que la qualité du message soit congruente, logique à différents niveaux. Pour cela, commencez par définir en amont ce que vous voulez lui dire ou demander : définissez les mots ou expressions à utiliser, la gestuelle, la voix… "Les mêmes codes, cohérents, doivent être utilisés comme langage commun par toute la famille, reprend Clément Moeglin. L’animal ne doit pas avoir à faire un tri entre une foule de signaux de communication. Dans un second temps, donnez envie à l’animal d’agir pour cette demande, en utilisant ses capacités cognitives, en prenant en compte ses émotions du moment et en observant attentivement ce qu’il souhaite et qu’il est en capacité de faire." Enfin, la répétition est vraiment importante.

Les 5 clés de la communication homme-animal 1. Privilégier le paraverbal et le non-verbal Doués de sensibilité et d’émotions, les animaux comprennent plein de choses, y compris ce que nous pensons ne pas leur montrer ! Car sans même le vouloir, nous communiquons par plusieurs canaux : par notre corps, nos odeurs, par nos silences également, par le regard, même détourné. "Votre chien vous scrute, les yeux, les oreilles et le nez grands ouverts, même si vous ne lui parlez pas, écrit le vétérinaire Jean Cuvelier dans son livre Tout se joue avant 1 an. Tout a valeur de message et rien ne lui échappe." De manière générale, la communication est à la fois verbale (les mots), paraverbale (l’intonation, l’intensité de la voix), et non verbale (gestes, postures, regard, mimiques, odeur de transpiration…). L’essentiel de la communication avec un animal est paraverbale et non verbale : c’est ce langage que l’on doit apprendre à maîtriser. 2. Observer le comportement de son animal Pour traduire un message exprimé par un animal, il est nécessaire de le sonder : observer ses comportements, décrypter ses mimiques, ses postures, ses vocalises, son regard… Un chat qui ne souhaite plus être caressé, par exemple, bat de la queue plus fort. Il faut ensuite adapter ses actions en fonction de ces signaux. Tout comme les humains, chaque animal a sa propre façon de communiquer. "Demandez‑vous toujours ce qui le motive et ce qui le bloque, suggère la Dre Valérie Dramard, vétérinaire comportementaliste. C’est une clé d’entrée pour avancer ensuite plus précisément dans l’échange." Voici un petit jeu amusant. Cette méthode peut déboucher sur un véritable dialogue révélateur de solutions : l’animal n’est pas doué de parole mais rien ne vous empêche de formuler, à sa place, verbalement, ce que vous comprenez de son attitude dans une situation précise. Pour un chien anxieux, cela pourrait donner : "Je suis en défense. Je regarde partout autour pour savoir si danger il y a. Ça crie, ça bouge, les gens me font peur." Les premières fois, faites cet exercice à voix haute. Si vous êtes sa maîtresse ou un tiers ayant remarqué son inquiétude, placez‑vous en figure rassurante, en lui répondant : "Je comprends ce que tu ressens. Tu peux venir auprès de moi et te sentir en sécurité, je suis douce et calme." Si le chien réagit d’une façon ou d’une autre, continuez de mettre des mots pour avancer dans la réflexion, en ne surinterprétant pas, en restant toujours dans le factuel et la simplicité. 3. Étudier la communication intra-espèces Entre eux, les animaux interagissent. Dans un parc à chiens ou en pleine nature, ces canidés sont lâchés, libres. C’est le moment idéal pour analyser leur première approche entre eux, repérer les suiveurs, les indépendants, les juvéniles… Car la façon de communiquer entre mêmes individus nous apprend beaucoup de leur personnalité et de leurs codes naturels. Observez votre chien, votre chat, votre lapin, votre furet, votre oiseau, votre cheval quand il est en présence de ses congénères, et notez vos remarques : son caractère manifeste, ses préférences, ses réactions d’apaisement ou d’agressivité dans le groupe… Ce sont de bons indicateurs. Par exemple, "les chevaux, entre eux, hennissent très peu, dévoile Véronique de Saint-Vaulry, cavalière et spécialiste en communication équine. Par contre, leurs mouvements et leurs postures sont très expressifs. En cas de peur, par exemple, leur premier signal est de lever l’encolure ; le second, de braquer leur regard, leur tête, en direction du danger perçu. On n’a qu’à se servir de cet indicateur pour mieux les accompagner", témoigne-t-elle. 4. L’importance du jeu Jouer avec son animal, c’est naturellement renforcer la complicité et améliorer la compréhension mutuelle. Mais le jeu peut aussi récompenser au fil de la vie les efforts (et non la réussite !) de son animal avec une friandise, lorsqu’il adopte l’attitude que l’on attendait de lui. Cependant, il ne s’agit pas de dressage car on ne lui fait pas répéter à l’envi une situation précise pour obtenir de lui un résultat escompté. Toutefois, il n’est pas possible ni souhaitable de jouer avec tous les animaux : "Jouer avec un cheval en liberté ou semi-liberté se résume généralement à des poursuites mutuelles, et je ne crois pas que le plaisir soit forcément partagé, souligne Véronique de Saint-Vaulry. Certains chevaux couchent alors les oreilles, chose qu’ils ne font pas lorsqu’ils jouent entre eux : c’est un signe de malaise ou de contrariété. Je préfère offrir des massages, lents et appuyés, à l’image du grooming que les chevaux pratiquent entre eux", dévoile-t-elle. La caresse, un plaisir partagé ? La caresse témoigne de l’affection que l’on porte à son animal. Elle peut aussi être utilisée pour le féliciter ou l’encourager, mais sachez que certains animaux peuvent ne pas l’apprécier. Pour le cheval, par exemple, cela n’a rien d’inné. Bref, il est possible de se faire surprendre par une réaction vive ou un refus de l’animal ! Il est utile d’être attentif aux signaux qu’il envoie, et ne pas perdre de vue que la caresse est plutôt une envie humaine. "Je vois parfois des maîtres qui prennent la tête du chien entre leurs mains et la secouent vivement pour l’encourager ou le récompenser, rapporte Clément Moeglin. Parfois, c’est clairement subi. Le maître aimerait-il qu’on lui fasse la même chose ?" "Je propose de vérifier le consentement de l’animal. Quand il apprécie les caresses, il vient les chercher." 5. Pleine conscience et intuition Prévoir des moments pour être pleinement présent à son animal, entrer en résonance avec lui, c’est indispensable – tout comme on le fait avec nos enfants ou toute personne avec qui nous vivons ! C’est en étant attentif qu’on devine ainsi, chaque matin, de quelle humeur il est, et comment il va se comporter ce jour-là ; et si des changements d’attitude se montrent au cours de la journée, on les reliera facilement aux événements vécus. En étant attentif à son animal au quotidien, on décèle plus facilement ce qui ne va pas, même du très légèrement perceptible. "Le jour où ma chienne a eu un comportement d’élimination que je ne lui connaissais pas, je me suis interrogé, témoigne ainsi Clément Moeglin. En fait, elle exprimait une gêne", se souvient ce comportementaliste canin, dont le compagnon à poils souffrait en fait d’une cystite. "En remarquant au plus vite ce changement de comportement, j’ai pu la faire soigner très rapidement et la voir retrouver sa joie de vivre", se félicite-t-il. Une façon de trouver des réponses aux petits soucis Bien connaître son animal est utile en de nombreuses circonstances. Par exemple, pour réussir à faire entrer dans une voiture un chien peureux, il faut gagner sa confiance, être patient et empathique, essayer plusieurs techniques bienveillantes (lui faire prendre confiance en ses sauts, essayer avec un autre chien ami qui n’a pas peur, installer une rampe, poser de la moquette si le métal le gêne, etc.). C’est en étant pleinement présent à son attitude que l’on trouve une solution à tous les petits soucis occasionnels ou récurrents. Comment bien communiquer avec son chien ? Le meilleur ami de l’homme est un individu très sociable, avec qui communiquer est plutôt facile. "Le chien est sensible aux mouvements et aux déplacements d’air, ainsi qu’aux ultrasons et infrasons, explique la Dre Valérie Dramard. Ralentissez les gestes, la voix, pour ne pas le bloquer. Et ayez confiance en sa capacité à comprendre ! Adressez-vous à lui en le regardant gentiment dans les yeux, en souriant, et si vous n’obtenez pas de réponse positive, dites-le d’une autre façon. Flattez-le et encouragez-le aussi avec des friandises", propose la vétérinaire. Son confrère, le Dr Jean Cuvelier, préconise d’exercer une sorte de "paternalisme bienveillant" avec son chien. En pratique, cela revient à utiliser un ton plus aigu pour manifester sa joie et le récompenser, et un ton grave, de faible intensité, pour montrer sa confiance. On garde à l’esprit une règle d’or : "Évitez de vous mettre en colère, ça ne ferait que lui faire peur et détériorer votre relation, alerte la Dre Valérie Dramard. J’ai, enfin, l’habitude de dire que le maître qui vit avec son chien sans maîtriser la communication avec lui vit comme avec un étranger."

Comment bien communiquer avec son chat ? On communique avec un chat presque comme avec un chien, mais le félin a besoin d’encore plus de douceur, d’apprivoisement et de lenteur. "Ne le contraignez pas, ça le fait stresser, confirme la Dre Dramard. Jouez avec le confort physique et des odeurs apaisantes (comme les phéromones, en vente chez les vétérinaires et en animalerie) pour le contenter : elles sont très utiles aussi pour réussir à le faire entrer en douceur dans sa cage de transport, ou l’installer dans un endroit nouveau. Avec le chat, commencez toujours par être calme, vous gagnerez du temps ensuite", insiste l’experte. En connaissant parfaitement son compagnon, on sait définir ce qui l’apaise et on peut user de ces stratagèmes, en toute bonne volonté. On n’oublie pas d’observer ses yeux, ses oreilles, les mouvements de sa queue : ils en disent long sur son contentement ou son mécontentement.

Comment bien communiquer avec son cheval ? "Le canal d’expression le plus naturel pour le cheval, quand on veut lui passer un message, c’est la vue, indique la cavalière Véronique de Saint-Vaulry. Votre attitude corporelle est donc importante : tonique pour repousser, détendue pour attirer. Le cheval est particulièrement attentif à nos déplacements, et saura voir les petits mouvements de recul involontaires des pieds qui traduisent un manque d’assurance, même si l’on fait de grands gestes en même temps !", indique-t-elle. Il est possible d’apprendre au cheval, aussi facilement qu’au chien, notre langage, pour obtenir une réaction précise. "Le canal que je préfère pour cela, c’est l’audition, confie Véronique de Saint-Vaulry. Les chevaux apprennent facilement les codes vocaux." Les équidés sont sensibles aux intentions que la voix traduit : paroles douces et rassurantes, ou au contraire éclats de voix (forcément doublés d’une crispation gestuelle). En pratique, quand un cheval hennit pour demander du foin, ou se dirige vers une direction précise pour demander à aller au pré, il souhaite que vous le regardiez ! En selle, considérez la position des oreilles : elles doivent être mobiles. Si elles sont couchées, elles traduisent probablement une gêne ou une douleur. Si elles se fixent dans une direction et que le cheval relève l’encolure, c’est un signe d’inquiétude dont il faut tenir compte. Comment bien communiquer avec un âne ? "Son réflexe d’opposition est fort. Il réagit souvent à la peur par l’immobilité, alors que le cheval mise plutôt sur la fuite, indique Véronique de Saint-Vaulry. Ne le brusquez pas, n’essayez pas de tirer sur la longe pour le faire avancer, il ne ferait que se braquer et ne bougera pas d’un millimètre !" Contrairement aux idées reçues, cet animal à l’air débonnaire est intelligent et proche de l’homme. Il apprend les codes vocaux aisément, à commencer par son nom, et donnera sa confiance au fil du temps, ainsi que de vrais moments partagés : grattages, brossages et même câlins.

Comment bien communiquer avec les oiseaux ? "J’ai construit une maisonnette à oiseaux pendant le confinement, raconte Clément Moeglin. Mon envie, c’était qu’ils viennent plus souvent dans mon jardin. Je me suis demandé comment les faire venir jusqu’à cet abri pensé pour eux. J’ai fait ce qu’on appelle du renforcement positif : j’y ai placé des graines, et les oiseaux s’y sont installés. Puis j’ai commencé à souffler dans un sifflet à chaque fois que je mettais de nouvelles graines. Et ils ont pris l’habitude de venir à mon signal, de répondre à mon appel !", s’enorgueillit cet amoureux des animaux. Avec un oiseau en cage, une perruche par exemple, le renforcement positif est une option à considérer. La communication du volatile passe avant tout par ses attitudes corporelles (position des pattes, mouvement du plumage, de la queue, des ailes, de la tête), ses regards et la dilatation des pupilles. Pas toujours facile de les interpréter. Mais avec un peu d’expérience, de rapprochements, d’analyse du contexte et de ses conduites, on peut y arriver. Cochon d'Inde, lapin, furet... Comment communiquer avec un NAC ? Si le furet communique bien avec l’Homme, c’est moins évident pour le lapin et le cochon d’Inde. Cependant, des liens forts se tissent nécessairement dès lors que ces petites bêtes partagent notre foyer. Avec un peu d’entraînement et de considération, il est possible de décoder les petits cris de son rongeur (le furet feule aussi, comme le chat !), ou ressentir son état psychologique en le prenant dans ses mains… C’est leur petit corps qui parle. En s’en occupant régulièrement, on finit par noter ce qu’il aime comme ce qu’il abhorre.

À lire pour aller plus loin :

  • Communiquer avec les animaux, Laila Del Monte éd. Véga, 22 €.

  • Le comportement du chien de A à Z, Valérie Dramard, éd. Ulmer, 18,50 €.

  • Le comportement du chat de A à Z, Valérie Dramard, éd. Ulmer, 18,50 €.

  • Communiquer avec son cheval, Véronique de Saint-Vaulry, éd. Vigot, 37 €.


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Auteur : S Claire Lelong-Lehoang, journaliste Experts : Dre Valérie Dramard, vétérinaire et comportementaliste & Clément Moeglin, éducateur et comportementaliste canin et félin, formateur & Véronique de Saint-Vaulry écrivain équestre, spécialiste ducomportement

Article publié le le 26 juin 2021.

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